Mycologie

A la différence de la majorité des végétaux, les champignons sont des organismes hétérotrophes vis-à-vis du carbone. C’est-à-dire qu’ils ne pratiquement pas la photosynthèse et son donc incapables de produire eux-mêmes les sucres indispensables à leur développement.

Pour se les procurer, certaines espèces mutualistes s’associent aux racines des végétaux chlorophylliens pour former des structures mixtes plante/champignon appelées mycorhizes où la plante fournit les sucres et les champignons apportent l’eau et les sels minéraux. On parle de symbiose, association à bénéfice réciproque pour les deux partenaires. D’autres champignons dégradent la matière organique (bois, feuilles mortes, déjections animales…) dont ils extraient les sucres.

Les champignons ne sont pas des végétaux, mais pour des raisons de méthodologie de travail notamment d’inventaire, de recueil et de synthèse de l’information, l’OEC au travers du Conservatoire Botanique de Corse s’investit dans ce domaine.

Trois axes sont développés par l’OEC en partenariat avec les associations insulaires :

  • Connaître
  • Evaluer
  • Valoriser


Mycena renati Quélet, mycène à pied jaune ©Suberbielle/CBNC, 2018


Connaître la diversité fongique en Corse


Au début du XXe siècle, la Corse était le terrain de jeu de nombreux mycologues spécialisés dans les parasites de plantes, attirés par la remarquable richesse de l’île en espèces végétales endémiques et par la promesse de découverte de leurs parasites spécifiques. Léon Rolland décrivit en 1896 Boletus corsicus, une espèce de bolet liée aux cistes. Aujourd’hui renommé Leccinellum corsicum par Bresinsky & Manfred Binder, il s’avère très répandu toute dans la zone méditerranéenne.

Puis tout s’arrêta, jusqu’au congrès de la Société Mycologique de France, organisé à Ajaccio en 1970. A cette occasion furent découvertes deux nouvelles espèces endémiques aux épithètes évocatrices : Gymnopilus corsicus et Marasmius hellebori-corsici, cette dernière espèce semblant exclusivement liée à la variété corse de l’hellébore livide, (Helleborus lividus subsp. corsicus (Briq.) P. Fourn.) dont elle décompose les feuilles mortes.

Cette renaissance se poursuit depuis plusieurs années, sous l’impulsion des associations mycologiques de l’île en partenariat avec l’OEC. En effet, dès 2005, les Sociétés Mycologiques Corses et le CBNC se sont associés au sein de l’Observatoire Mycologique de Corse (OMYCO) afin de porter divers projets et faire progresser la connaissance mycologique en Corse. Au cours de ces années, des liens étroits se sont tissés avec des mycologues et chercheurs comme Franck Richard et Jean-Michel Bellanger au CEFE de Montpellier ou Pierre-Arthur Moreau à l’Université de Lille, mais également avec l’AFL.


De nombreux projets ont été portés par l’OMYCO :

  • Des inventaires organisés aux étages thermo-méditerranéen, montagnard et subalpin (programme d’inventaire mycologique en haute montagne)
  • Une étude génétique portant sur les mycorhizes des aulnes
  • Une étude sur les communautés fongiques dans les forêts de laricciu


D’autres projets sont actuellement en cours :

  • Une étude sur l’écologie des oronges
  • La centralisation et la gestion par le CBNC des données produites par les Sociétés Mycologiques et existant dans la littérature.
  • La création d’une collection de référence au CBNC
  • Une étude génétique sur la diversité des morilles en Corse
  • La rédaction des catalogues des espèces fongiques de Corse



Par ailleurs, le CBNC participe aux inventaires lichénologiques organisés en Corse.


Evaluer la connaissance


Depuis le début de l’année 2019, le CBNC centralise toutes les données mycologiques produites par les associations. Plusieurs milliers d’observations sont ainsi en cours de saisie et de géoréférencement. Elles viennent s’ajouter aux données bibliographiques nombreuses sur la Corse. En tout, environ 10 000 données mycologiques ont été collectées et sont en cours de traitement.
L’arrive prochaine d’un outil de gestion des données permettra de faire apparaitre les zones géographiques ainsi que les habitats présentant un déficit de prospection. Cela nous permettra de concentrer notre travail d’inventaire dans ces zones comme cela a été fait par le passé.

L’année 2019 verra également la publication des catalogues de la fonge de Corse. Ces trois documents feront la liste de tous les taxons (espèces, sous-espèces, variétés et formes) observés en Corse. Un découpage pas groupe a été décidé dans un premier temps. Ainsi les trois catalogues traiteront  respectivement des champignons au sens strict non lichénisés (Ascomycètes et Basidiomycètes), des champignons lichénisés et lichénicoles et des Myxomycètes.


Inventaires mycologiques en 2012 ©Hugot/CBNC, 2012


Valoriser et transmettre la connaissance


La transmission des connaissances est principalement assurée par les Sociétés Mycologiques au travers des expositions de champignons et des nombreuses sorties qu’elles organisent.

De son côté, le CBNC organise des conférences à destination du grand public, des amateurs plus ou moins chevronnés et des mycologues aguerris. Dont les dernières en date portaient sur les avancées des connaissances mycologiques grâce aux travaux réalisés en Corse.

  • 21 juin 2017 : De l’aiguille à la racine : Les enjeux souterrains de la flore de Corse
    • Effets du feu sur les sols des forêts des montagnes de Corse : le cas des champignons par Adrien Taudière
    • A la découverte des morilles des grandes îles de Méditerranée : avancées écologiques et taxonomiques par Michael Loizides
  • 08 février 2017 : Mycologie corse : Apports de la biologie moléculaire
    • Les morilles en Corse : découvertes et perspectives par Jean-Michel Bellanger
    • Biologie moléculaire : de la récolte à l’identification, quelques résultats génétiques par Jean-Michel Bellanger


Une bibliothèque virtuelle des publications portant sur la Corse et qui ont été menées en collaboration avec le CBNC, l’OEC ou l’OMYCO est en cours de construction. Elle permettra de rendre accessible des articles scientifiques mais aussi des rapports de thèses ou de stages qui sont souvent introuvables.

Enfin, le CBNC anime également la page Facebook de l’OMYCO sur laquelle paraissent les actualités des Sociétés Mycologiques, expositions, conférences, sorties… ainsi que des focus sur certaines espèces ou certains groupes de champignons et les articles scientifiques nouvellement parus.


Contacter l’OMYCO : suberbielle@oec.fr

 

 
De gauche à droite : (1) Cladonia pyxidata (L.) Hoffm. ; (2) Trichia decipiens (Persoon) T. Macbride ; (3) Amanita caesarea (Scop. : Fr.) Pers., oronge ou amanite des Césars (©Suberbielle/CBNC, 2018)

 


  • Retour
  • Format imprimable
  • Sommet de la page