Inventaire et la conservation

L’inventaire et la conservation de la flore et des habitats naturels

Avant de conserver une espèce ou un habitat il est nécessaire de respecter un certain nombre d’étapes préalables:


  1. Connaître la flore et les habitats
  2. Hiérarchiser les enjeux grâce à l’élaboration d’une liste rouge régionale
  3. Élaborer des plans de conservation
  4. Mettre en œuvre ces plans de conservation en privilégiant la concertation.


1 - Connaître la flore et les habitats : Inventaire de la flore et des habitats


Flora corsica éditée en 2007
Flora corsica
éditée en 2007
Le Conservatoire Botanique National de Corse étudie l’ensemble des taxons des plantes vasculaires (de l’espèce la plus commune à la plus rare, de l’espèce endémique aux espèces cosmopolites et aux taxons invasifs), ainsi que les Bryophytes (mousses) présents sur le territoire d’agrément.

Nous avons vocation à explorer toutes les portions du territoire insulaire y compris les zones peu connues car peu accessibles ou « moins attrayantes » que les sommets ou le littoral.

Pour les habitats naturels et semi-naturels, l’étude de l’intégralité des syntaxons (associations ou formations végétales), au niveau le plus précis possible, est visée.


L’acquisition des connaissances comprend bien entendu l’intégration de données issues de la littérature ce qui nécessite un fonds documentaire étoffé de qualité. La constitution d’un fond documentaire, le plus complet possible pour la région Corse, a été une des préoccupations du Conservatoire.


Les prospections et relevés de terrain restent évidemment l’outil principal d’un conservatoire botanique..

Les données ainsi acquises doivent être traitées, gérées et organisées pour être exploitées de façon efficace et permettre au plus grand nombre d’accéder à la connaissance

Erigeron paolii
Caractérisation d’un habitat, Carataggio Comptage Silene velutina

Chaque donnée, chaque relevé, chaque inventaire doit être localisé précisément sur le terrain.


Le CBNC combine deux techniques d’inventaire pour couvrir au mieux le territoire insulaire :

  • Le maillage communal, d’une part ;
  • Le maillage en minutes du système international basé sur le méridien de Greenwich, utilisé par les Jardin et Conservatoire Botaniques de la ville de Genève, d’autre part.

La superposition des cartes résultant de la mise en œuvre des deux outils a permis de définir des zones dépourvues d’inventaires.

La stratégie consiste à inventorier ces espaces dépourvus de données, car si certaines micro régions de Corse sont très prospectées, d’autres parfois difficiles d’accès le sont beaucoup moins !


Base de données Flore


Les informations recueillies sont rentrées dans notre base de données «Flore».

qui contient actuellement plus de 50 000 données en 2008..

Les données récentes (prospections de terrain depuis 2002) sont géoréférencées très précisément (point gps), Pour les données bibliographiques plus anciennes, les indications géographiques sont parfois moins précises.

Le Conservatoire Botanique s’est donné pour tâche la constitution d’un herbier de référence pour la flore insulaire. Les relevés de terrain sont souvent accompagnés de collecte d’échantillons alimentant cet herbier, qui compte en 2008 entre 700 et 800 parts, auxquelles s’ajoute la collection du Professeur Guilhan Paradis mise à disposition par l’Université de Corse.

Nous constituons également une photothèque d’espèces, d’habitats ou de sites qui permettront à terme la mise en place d’un herbier virtuel.


2 - Hierarchisation des enjeux

Au niveau régional

Nos préoccupations de conservation portent plus particulièrement sur les taxons pour lesquels la responsabilité territoriale est importante : endémiques et taxons en limite d’aire de répartition

Un travail entrepris avec le Conseil Scientifique, est en voie d’achévement, pour identifier les espèces qui doivent être conservées en priorité : c’est la liste rouge.


Au niveau national et international : liste des priorités et collaboration avec l'UICN (Union Internationale de Conservation de la Nature)

Au niveau national, dans le cadre de la Stratégie pour la biodiversité, la Direction de la Nature et des Paysages, au sein du ministère en charge de la protection de la nature a mis en place des plans de restauration nationaux pour un certain nombre d'espèces ou de groupe. Ces plans s'appuient sur les structures scientifiques nationales et locales, ils sont établis sous l'égide d'un Comité de Pilotage et validés à plusieurs échelles, par le CSRPN (Conseil Scientifique Régional du Patrimoine Naturel) puis par le CNPN (Conseil National de la Protection de la Nature). Le conservatoire est acteur ou relais de terrain de plusieurs de ces plans.

Au niveau international, nous participons au travail d’évaluation des populations des espèces végétales.



3 et 4 - Plans de conservation et concertation

Les espèces hiérarchisées selon les critères précédemment décrits, font l’objet de suivis réguliers. Cette démarche nécessite une forte implication du personnel du CBNC que ce soit en temps consacré au terrain ou en concertation avec les différents acteurs. Au-delà des connaissances scientifiques, le contact direct avec les différents acteurs est un élément indispensable à l’élaboration de mesures de conservation efficaces.


Quelques exemples...

  • Brassica insularis
    Brassica insularis
    Les actions de sensibilisation autour de Brassica insularis Moris (chou insulaire).
    Le chou insulaire est une plante rare et protégée présente uniquement sur une dizaine de stations en Corse et toujours sur falaise calcaire. Quelquefois, la plante se trouve sur des sites d’escalade, il a donc été impulsé depuis quelques années un partenariat avec la Fédération Française de la Montagne et de l’Escalade qui permet d’une part de communiquer sur la plante et d’autre part de bénéficier de l’aide de grimpeurs pour effectuer les comptages.
    Téléchargez la plaquette sur le chou insulaire.
  • Biscutella rotgesii
    Biscutella rotgesii
    Les actions de conservation de Biscutella rotgesii Foucaud, partenariat avec l’UICN et la fondation MAVA
    En 2004, une station de Biscutella rotgesii Foucaud semblait menacée par des aménagements routiers. Ce taxon n’ayant fait l’objet d’aucune d’étude particulière jusque là, le CBNC a mené, avec le soutien financier de l’IUCN et de la fondation MAVA, un programme d’amélioration des connaissances et de conservation in situ. A ce jour, le service en charge de l’entretien des routes a intégré dans ces planifications de travaux la présence de ce taxon. Il a également participé à l’édition d’une plaquette d’information pour le grand public.
    Téléchargez la plaquette sur la lunetière de Rotgès
  • Botrychium simplex
    Botrychium simplex
    Le partenariat avec l’ONF sur la conservation de Botrychium simplex E. Hitchc.et de Buxbaumia viridis (Moug. ex Lam. et DC.) Brid. ex Moug. et Nestl. (inventaire et gestion des stations)
  • Aconitum napellus L. subsp. corsicum
    Aconitum napellus L. subsp. corsicum
    Les mesures mises en place par le Parc Naturel Régional de Corse pour la conservation d’Herniaria latifolia Lapeyr. subsp. litardierei Gamisans, Drosera rotundifolia L. ou d’Aconitum napellus L. subsp. corsicum (Gáyer) W. Seitz. (inventaires, cartographie et suivi des effectifs)


Dans certains cas, il est aussi nécessaire de faire appel à des organismes de recherche pour mieux comprendre le fonctionnement des espèces et adopter les mesures de conservations adéquates.

Quelques exemples réalisés ou en cours :


  • la répartition, la biologie et la génétique de l’endémique corso-sarde Mercurialis corsica Cosson, en forte régression sur l’île
  • la distribution et la génétique d’Acis longifolia M Roem. (endémique de Corse)
  • la génétique du genévrier thurifère (Juniperus thurifera L.) assez rare en Corse, d’Astragalus centralpinus Pallas, très rare en Corse, et de Myrtus communis,
  • actions de recherches conduites par l’Institut Méditerranéen d’Ecologie et de Paléoécologie (Université d’Aix-marseille)


On peut aussi citer les études sur les pivoines et sur certaines orchidées de Corse menées par le Centre d’Ecologie Fonctionnelle et Evolutive de Montpellier (CNRS), sur la biologie des populations et les études génétiques sur le lis martagon avec l’Université de Salerno (Italie).

Mercurialis corsica
Acis longifolia
Astragalus centralpinus
Mercurialis corsica
Acis longifolia
Astragalus centralpinus


Falaise avec Centranthus trinervis
Falaise à Centranthus trinervis

Au niveau des habitats, le CBNC entreprend depuis 2006 des mesures de conservation au travers notamment de son engagement et de son expertise, dans le domaine de la prévention incendie (landes montagnardes oroméditerranéennes), dans le cadre d‘aménagements routiers ou de travaux entrepris par les gestionnaires d'espaces naturels.

Le Conservatoire réalise également un certain nombre d’expertises et d’actions de génie écologique relatives à la restauration d’habitats. A titre d’exemple, on peut mentionner la restauration de l’habitat à Anchusa crispa Viv. à Portigliolo, à Cannella en collaboration avec le Conservatoire Régional des Espaces Naturels ou la remise en état de la falaise à Centranthus trinervis (Viv) Bég en partenariat avec le Conservatoire du littoral et des rivages lacustres, la Fédération Française de la Montagne et de l’Escalade et la Réserve Naturelle des Bouches de Bonifacio.


Conservation ex-situ des espèces végétales menacées


La conservation ex-situ consiste à préserver les espèces menacées en les déplaçant hors de leur milieu naturel.

La gestion d’une banque de graines destinée à la conservation des taxons rares et menacés de Corse constitue l’une des missions des Conservatoires Botaniques Nationaux.

La Corse est confrontée à une multiplicité d’interlocuteurs en matière de conservation ex-situ. En effet, des taxons corses plus ou moins rares sont déjà conservés dans plusieurs banques de semences et ce depuis des dates antérieures à la création du CBNC. Un certain nombre d’espèces sont conservées au Jardin Botanique de la Ville de Genève, des semences sont également conservées au Conservatoire Botanique National Méditerranéen de Porquerolles, et depuis 1998 des éléments ont été envoyés au Jardin Botanique de Sollers (Majorque, Baléares). Enfin, on trouve en conservation au CBN de Brest les taxons menacés d’extinction.

Le CBNC a déjà conventionné avec Sollers et Brest pour réaliser la conservation de certains taxons, ces partenariats vont être développés en axant le travail sur les stratégies de récolte et la réalisation d’itinéraires techniques. Cette mission se fera en collaboration avec la Fédération des CBN et le Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris.

Cet article provient du site de Conservatoire Botanique National de Corse
http://cbnc.oec.fr/index.php